Débat sur le travail et le soin : de quoi parlons-nous lorsque nous parlons de travail de soin ?

La notion de travail, comme d’autres concepts, revêt des significations différentes en fonction des perspectives théoriques depuis lesquelles on la définit, de telle sorte que ce n’est pas un concept anhistorique, mais une construction sociale modelée par les relations de pouvoir et de domination à...

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Main Authors: Andrea Barbara Blazsek, Maria Celeste Linardelli, Daniel Garcia, Maria Agustina Diez
Format: Article
Language:fra
Published: Association Genres, sexualités, langage 2020-12-01
Series:Glad!
Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/glad/2077
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Maria Celeste Linardelli
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description La notion de travail, comme d’autres concepts, revêt des significations différentes en fonction des perspectives théoriques depuis lesquelles on la définit, de telle sorte que ce n’est pas un concept anhistorique, mais une construction sociale modelée par les relations de pouvoir et de domination à l’œuvre dans un ordre social déterminé. Ainsi, dans le mode de production capitaliste, la notion de travail s’est limitée aux activités qui produisent des biens et des services dotés d’une valeur d’échange sur le marché, c’est-à-dire les activités qui contribuent directement à l’accumulation du capital. Les formes de travail qui s’éloignent de la définition dominante furent marginalisées dans la pensée conceptuelle orthodoxe des sciences sociales comme dans le champ empirique, avec pour conséquence l’impossibilité de quantifier ce phénomène. Il a fallu et il faut encore des débats importants pour que des modalités de travail comme celui de la subsistance, du domestique, du bénévolat, de l’autoconsommation, soient considérées comme travail pour commencer à mieux les mesurer empiriquement et mieux les valoriser économiquement. La définition réduite du travail a conduit à la consolidation du travail rémunéré comme objet d’étude des différentes disciplines des sciences sociales, et a limité ce qu’on appelle le monde du travail aux phénomènes qui entrent dans le champ de l’activité marchande et rémunérée. L’intégration d’une définition plus large qui permettrait de réinsérer les autres formes de travail qui ne se développent pas dans le domaine marchand et la problématisation du travail reproductif comme objet d’étude des sciences sociales se sont mises en place lentement. En effet, l’invisibilisation par le capitalisme d’autres formes de travail qui ne seraient pas le travail rémunéré/salarié a aussi affecté les conditions de possibilité de son appréhension théorico-conceptuelle. Dans les années 1980, une nouvelle notion jusqu’alors étrangère à la théorie sociale a commencé à prendre forme dans les sciences sociales européennes : le soin, ou le travail de soin. Au début, cette notion a trouvé sa place dans les réflexions des sciences sociales et politiques sur les Etats-Providence nord-européens. Elle est devenue vers la fin du XXe siècle un lieu obligé pour les économistes, les féministes, les étudiants et étudiantes en études de genre, qui voulaient dire quelque chose de « nouveau » sur le travail reproductif « traditionnel » et « quotidien » des femmes. Ensuite, la notion a traversé l’océan et commencé à se diffuser en Amérique latine, souvent sous un vernis anglophone : care work. Dans cette communication, nous voulons d’une part proposer un examen critique des différentes définitions du travail de soin qui ont été élaborées dans les pays du centre. D’autre part, il nous intéresse de regarder la circulation du terme en Amérique latine, en interrogeant ses succès et sa pertinence, et en mettant en garde contre une application presque automatique et dénuée d’esprit critique d’une notion qui trouve ses origines dans les débats concernant les politiques propres aux Etats-Providence occidentaux.
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