De Rio 1992 à Marrakech 2016 : le Sud, acteur de la politique climatique

Cet article est consacré à l’influence des pays du Sud sur les négociations climatiques depuis un quart de siècle, c’est-à-dire depuis la signature à Rio de Janeiro en 1992 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, jusqu’à la COP22 qui se tient à Marrakech du 7 au 18 ...

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Main Author: Michel Damian
Format: Article
Language:English
Published: Association Recherche & Régulation 2016-12-01
Series:Revue de la Régulation
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Online Access:https://journals.openedition.org/regulation/12033
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author Michel Damian
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description Cet article est consacré à l’influence des pays du Sud sur les négociations climatiques depuis un quart de siècle, c’est-à-dire depuis la signature à Rio de Janeiro en 1992 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, jusqu’à la COP22 qui se tient à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016. Le texte est construit en six points. Nous rappelons tout d’abord le consensus scientifique, celui des climatologues du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), puis nous situons la Chine et les autres pays du Sud en matière de climat et de changements climatiques. Dans le second et le troisième point, nous proposons une relecture de la Convention de 1992 (en tant que produit d’un compromis avec et pour le Sud), ainsi que du protocole de Kyoto (qui a été, et demeure – avec la seconde période d’engagement de celui-ci jusqu’en 2020 – la pierre d’angle de l’action pour le Sud). Dans le quatrième point, nous montrons que l’Accord de Paris est le plus petit dénominateur commun – et le seul envisageable – pour la majorité des États du Nord et du Sud. Les responsabilités historiques en matière d’émissions et de concentration de celles-ci dans l’atmosphère ont été, jusqu’à il y a peu, quasi entièrement affectées au Nord : dans le cinquième point nous verrons pourquoi le Sud est aussi « responsable » (du fait de ses émissions, non seulement de CO2, mais aussi de celles en provenance des autres gaz à effet serre). Le sixième point est consacré aux nouvelles thématiques portées par le Sud, et en particulier par les pays les plus vulnérables aux changements climatiques : d’une part, l’« impératif moral » de limitation du réchauffement à 1,5 °C et, d’autre part, la revendication concomitante du financement des « pertes et dommages » irréversibles. La conclusion fait retour sur les relations entre climat et développement. Une grande question est, selon nous, pour longtemps ouverte : celle de l’évolution du paradigme de « la pauvreté comme plus grand pollueur » – porté initialement par l’Inde et constitutif de la position du Sud depuis plus de quatre décennies au plan international –, vers un éventuel paradigme élargi, là encore porté par l’Inde, qui met la primauté sur « l’usage inégal des ressources environnementales communes ». Ce paradigme élargi pointe la question décisive du consumérisme et de modes de vie insoutenables pour la planète – et non plus exclusivement celle du développement par la réplication de la croissance occidentale.
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