Plus que des cadavres, moins que des fantômes

La photographie ethnographique du début du xxe siècle, dans son intention de rendre la « culture » visible à travers la figuration objective de scènes spécifiques de la vie autochtone, peut être envisagée par opposition à deux autres utilisations scientifiques de l’appareil photo à cette époque : d’...

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Bibliographic Details
Main Author: Gregory Delaplace
Format: Article
Language:fra
Published: Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative 2021-12-01
Series:Ateliers d'Anthropologie
Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/ateliers/15730
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Description
Summary:La photographie ethnographique du début du xxe siècle, dans son intention de rendre la « culture » visible à travers la figuration objective de scènes spécifiques de la vie autochtone, peut être envisagée par opposition à deux autres utilisations scientifiques de l’appareil photo à cette époque : d’une part, les photographies anatomiques des anthropologues physiques et, de l’autre, les photographies de fantômes des cercles spirites. En effet, si saisir la « culture » consiste à faire apparaître plus que des corps immobiles sur l’image, ce qui nécessite la mise en place de dispositifs complexes permettant de capturer leur présence devant l’objectif, les premiers ethnographes sont soucieux de ne pas trop en faire non plus, car la « culture » est censée se manifester d’une façon plus subtile que les fantômes révélés par la photographie spirite. Cet article soutient donc que photographier la « culture », au début du xxe siècle, implique de bien calibrer son invisibilité. Il décrit certains des dispositifs et méthodes qu’emploient les premiers ethnographes afin de faire objectivement apparaître la culture.
ISSN:2117-3869