Vieillesse, savoir et genre. Réflexions sur les discours consacrés à la vieillesse dans l'Antiquité

L’article de Beate Wagner-Hasel interroge le paradigme de la recherche historique contemporaine, fondé sur la lecture des complaintes et élégies, selon lequel les Anciens envisageaient et représentaient essentiellement la vieillesse comme déliquescence physique, perte des attraits érotiques et stéri...

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Bibliographic Details
Main Author: Beate Wagner-Hasel
Format: Article
Language:fra
Published: Genre, Sexualité et Société 2011-12-01
Series:Genre, Sexualité et Société
Subjects:
Online Access:https://journals.openedition.org/gss/2222
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Description
Summary:L’article de Beate Wagner-Hasel interroge le paradigme de la recherche historique contemporaine, fondé sur la lecture des complaintes et élégies, selon lequel les Anciens envisageaient et représentaient essentiellement la vieillesse comme déliquescence physique, perte des attraits érotiques et stérilité. La situation des personnes âgées, en particulier des femmes, dans l’Antiquité, aurait donc été peu enviable, ces dernières se voyant marginalisées voire mises au ban de la société. Cette approche est ici contestée comme l’émanation d’une expression littéraire qui n’a pas valeur de description réaliste, ou historique, de l’expérience de la vieillesse et des normes sociétales en vigueur dans l’Antiquité. Ces propos sur la vieillesse s’inscrivent plutôt dans une tradition de réflexion cosmologique et philosophique, et véhiculent surtout des représentations culturelles de l'ordre social autour des questions de conflits de générations, de conflits politiques ou encore de conflits entre les sexes. Les commentaires sur les figures mythologiques de Tithon et de la Sybille, êtres hybrides sénescents, établissent en outre une relation étroite entre vieillesse et savoir. Sans créditer l’idée d'une vieillesse tenue en haute estime dans l'Antiquité, ces figures illustrent le lien intime entre la mémoire corporelle et la transmission du savoir, plus largement entre les images du corps et de la société. Si l’interprétation des données mythiques ne permet pas de savoir exactement quel rôle les femmes jouaient dans cette transmission du savoir, s’il existait un savoir spécifiquement féminin, différents textes valorisent par ailleurs leurs responsabilités dans la perpétuation de la tradition et de la mémoire familiale, dans le traitement des tâches administratives ou encore dans les activités éducatives. Ces témoignages sur la responsabilité des veilles femmes en matière de conservation de la mémoire et de transmission du savoir contredisent clairement la thèse de leur mise à la marge.
ISSN:2104-3736